Langues parlées en Suède : diversité et patrimoine linguistique
La Suède, reconnue pour son ouverture sociale et culturelle, se distingue également par sa diversité linguistique. Si le suédois est la langue officielle du pays, plusieurs autres langues coexistent sur le territoire, reflétant à la fois l’histoire, les minorités reconnues et les vagues d’immigration. Ce panorama complet des langues parlées en Suède met en lumière une richesse linguistique souvent méconnue.
Le suédois : langue officielle et majoritaire
Le suédois (svenska) est la langue officielle de la Suède depuis 2009. Il est parlé par plus de 90 % de la population et utilisé dans l’administration, l’éducation, les médias et les affaires.
Langue germanique septentrionale, le suédois partage de nombreuses similitudes lexicales et grammaticales avec le danois et le norvégien. Les locuteurs suédois peuvent souvent comprendre ces deux langues, bien que des différences d’intonation et de vocabulaire existent.
Le suédois comporte plusieurs dialectes régionaux, certains très distincts, comme ceux du Dalécarlie ou du Gotland. Toutefois, la plupart des Suédois parlent un suédois standardisé appelé rikssvenska, enseigné à l’école et utilisé dans les médias nationaux.
Les langues minoritaires officiellement reconnues
En vertu de la loi suédoise sur les minorités nationales (2000), cinq langues minoritaires sont reconnues et protégées :
- Finnois
- Meänkieli (tornédalien)
- Sami (avec plusieurs variantes : septentrional, lule et sud)
- Romani chib
- Yiddish
Le finnois en Suède
Environ 200 000 personnes en Suède parlent le finnois, langue de la grande minorité d’origine finlandaise, en particulier dans le nord du pays et à Stockholm. Les locuteurs ont le droit d’utiliser le finnois dans leurs contacts avec les autorités dans certaines municipalités désignées.
Meänkieli : la langue des Tornédaliens
Le meänkieli, ou tornédalien, est une langue proche du finnois parlée dans la vallée de la rivière Torne, à la frontière finlandaise. Bien que historiquement marginalisée, elle est aujourd’hui soutenue par des institutions culturelles et éducatives.
Langue samie : patrimoine des peuples autochtones
Le sami est la langue des Sames, peuple autochtone du nord de la Suède, de la Norvège, de la Finlande et de la Russie. En Suède, trois dialectes samis sont reconnus. Environ 9 000 personnes parlent le sami, surtout dans la région de la Laponie suédoise.
Les samis bénéficient d’un parlement propre, le Sametinget, et d’écoles bilingues pour préserver leur langue et leur culture.
Romani chib et yiddish
Parlé par des groupes Roms présents depuis des siècles, le Romani chib connaît plusieurs variantes et est en danger de disparition. Le yiddish, langue historique des Juifs ashkénazes, compte peu de locuteurs mais reste reconnu comme langue culturelle à préserver.
Langues d’immigration : une réalité multiculturelle
La Suède a connu une immigration importante depuis les années 1950, ce qui a introduit de nombreuses langues étrangères parlées à domicile ou dans les communautés. Parmi les plus courantes :
- Arabe
- Somali
- Persan (farsi)
- Kurmanji (kurdish)
- Anglais
- Bosnien / serbe / croate
L’arabe est aujourd’hui la deuxième langue maternelle la plus parlée en Suède, notamment en raison de l’arrivée de réfugiés syriens, irakiens et somaliens.
Ces langues ne sont pas officiellement reconnues mais font partie du tissu linguistique du pays. Des émissions, journaux et associations utilisent ces langues, et certains services publics proposent des traductions pour faciliter l’intégration.
L’anglais : langue étrangère omniprésente
En Suède, l’anglais est enseigné dès l’école primaire et maîtrisé par la majorité de la population. Il est couramment utilisé dans l’enseignement supérieur, les affaires, la recherche, et même dans les séries et films souvent non doublés.
La Suède est régulièrement classée parmi les meilleurs pays non anglophones pour la maîtrise de l’anglais.
Politique linguistique et éducation
Le système scolaire suédois met l’accent sur l’apprentissage des langues dès le plus jeune âge. En plus du suédois, les élèves apprennent obligatoirement l’anglais, et peuvent choisir une troisième langue étrangère (allemand, espagnol, français…).
Dans les zones concernées, les enfants issus des minorités linguistiques peuvent bénéficier d’un enseignement bilingue ou de cours dans leur langue maternelle.
Cette politique vise à garantir la diversité linguistique, l’inclusion des minorités et la préparation à un monde globalisé.
Préservation des langues menacées
Malgré les efforts législatifs, certaines langues, comme le yiddish, le romani ou le sami, restent menacées par la diminution du nombre de locuteurs. Des initiatives culturelles et éducatives tentent de préserver le patrimoine linguistique en finançant des publications, médias, et événements dans ces langues.
Conclusion
La Suède est bien plus qu’un pays monolingue. Elle est un exemple de diversité linguistique encadrée par une politique publique proactive. Si le suédois domine dans les institutions, l’existence de langues minoritaires et de langues d’immigration reflète une société pluraliste, ouverte et respectueuse de ses racines et de ses habitants.
Pour les chercheurs, étudiants ou voyageurs intéressés par la linguistique en Suède, le pays offre un terrain d’étude fascinant mêlant histoire, identité, intégration et modernité.